L'Agorales synthèses

L'Encyclopédie de L'Agora : une vision organique du monde


Univers

Vie et art

Origine de l'univers: analogie avec avec l'oeuf cosmique des traditions et l'oeuvre d'art.

Origines: Big Bang et explosion ou oeuf cosmique et éclosion ?

À l’heure où les astrophysiciens décrivent la farandole des galaxies et la valse des étoiles, la conception dominante de l’univers se réduit au mot Big Bang, évoquant une explosion, comme celle d'Hiroshima. La tradition, et une certaine science depuis peu, nous invitent à lui préférer, métaphore pour métaphore, celle de l'éclosion, associée à celle de l'oeuf cosmique. S'il est incontestable qu'il y eut violence à l'origine, faut-il en conclure que cette violence doit être absurde comme dans une explosion, faut-il exclure qu'il puisse s'agir d'une violence ayant un sens, comme celle de l'éclosion?

Le concert dans l'œuf, Jérôme Bosch Palais des beaux-arts de Lille. L'œuf , symbole de la naissance du monde : La naissance du monde à partir d'un œuf est une idée commune aux Celtes, aux Grecs, aux Égyptiens, aux Phéniciens, aux Cananéens, aux Tibétains, aux Hindous, aux Vietnamiens, aux Chinois, aux Japonais, aux populations sibériennes et indonésiennes, à bien d'autres encore. Source: https://cocoduc.blogspot.com/2010/04/luf-au-plat.html
Pour les astrophysiciens, le Big Bang est une plaisante anecdote dans l’histoire de leur discipline. Elle met d’abord en cause l’un d’entre eux, Georges Lemaître, lequel a formulé, en 1927, la théorie d’un noyau primordial infiniment dense qui, en se développant soudainement, aurait donné naissance à l’univers en expansion tel que nous pouvons l’observer aujourd’hui. L’expression Big Bang désigne cet événement. Elle a d’abord été utilisée par Fred Hoyle, le grand rival de Lemaître en astrophysique, pour tourner son idée en dérision. Big Bang !!!Un mot d’esprit destiné à ridiculiser une théorie qui allait s’avérer vraie, est ainsi devenue la vision du monde de toute une époque.

La métaphore de l’éclosion implique l’idée que l’univers a eu un commencement et qu’il  aura une fin, comme les êtres vivants. Elle invite aussi à penser que tout a commencé par l’acte créateur d’un Dieu artiste, inspiré donc et capable d’inspirer les êtres conscients et nostalgiques de leur origine divine qu’il a placés au sommet de son œuvre.

La métaphore de l’explosion tourne les hommes vers l’avenir, un avenir sans cesse meilleur, croient-ils, rendu possible par des machines, physiques, logiques, administratives qu’ils contrôleront… et auxquelles ils ressembleront de plus en plus.

L'univers selon Simone Weil

Une pensée de Platon résume la conception de l’univers de Simone Weil: "Le Bien règne sur la nécessité par la persuasion.’’ Persuasion synonyme d’inspiration. «On ne peut, dit Simone Weil, écouter un chant parfaitement beau sans aimer l'auteur du chant et le chanteur». De même on ne peut être touché par la beauté du monde sans aimer l'auteur de cette beauté.

Extrait :

«Tous les éléments qui constituent un tableau, toutes les notes présentes dans une oeuvre musicale sont soumises aux lois de la nature, à la nécessité. Il n'empêche que l'ensemble nous touche non pas à la façon d'une force d'attraction irrésistible - force que possèdent certains champignons ou que l'on retrouve dans les formes basses de sexualité - mais à la manière d'un sourire suppliant. Cela, nous dit Simone Weil, ne peut s'expliquer que si l'on pense, comme Platon, “que le Bien règne sur la nécessité par la persuasion”. Ce rapport ineffable entre le Bien et la nécessité constitue à la fois l'essence du monde et l'essence de l'inspiration artistique.

Le démiurge, précise Simone Weil “ne fait pas violence aux causes secondes pour accomplir ses fins. Il accomplit toutes ses fins à travers le mécanisme inflexible de la nécessité sans y fausser un seul rouage. Sa sagesse reste en haut (et quand elle descend, c'est, comme nous le savons, avec la même discrétion). Chaque phénomène a deux raisons d'être dont l'une est sa cause dans le mécanisme de la nature, l'autre sa place dans l'ordonnance providentielle du monde, et jamais il n'est permis d'user de l'une comme d'une explication sur le plan auquel appartient l'autre”»

Gaia ou la vision artistique du monde

Ce que j'appelle vision du monde correspond à ce que l'historien et urbaniste Lewis Mumford appelait idée formative, dont on pourrait dire qu'elle est, à l'échelle des civilisations, l'équivalent de ce qu'est l'inspiration chez l'artiste. Elle est, selon Mumford, la principale caractéristique du phénomène humain. À chaque civilisation, et à chaque grande étape dans l'histoire d'une civilisation, correspond une idée formative particulière qui en est, en quelque sorte, l'essence. Cette idée formative imprègne tout. Elle est la signature d'une époque. Elle commence toutefois par façonner les choses, outils ou oeuvres d'art, avant d'envahir la pensée. Elle se matérialise avant de s'éthéréaliser. Ce sont les mots que Mumford lui-même emploie. Dans la Grèce antique, par exemple, l'idée formative, dont le mot harmonie rend bien compte, s'est d'abord matérialisée dans les cités, les temples, les sculptures avant de s'éthéréaliser, de se spiritualiser sous la forme de l'idée d'harmonie, telle que Platon l'explicite pour définir la perfection à laquelle l'homme est appelé. Platon vient toujours après Phidias, la pensée après l'art. « L'oiseau de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée du jour », dira Hegel.

 

L'heure de s'enivrer

« Plus on comprend l’univers, plus il nous apparaît vide de sens », écrit dans les Trois Premières Minutes le physicien Stephen Weinberg. Je le mets au défi de répéter ces mots en écoutant – comme je le fais en ce moment – les Noces de Figaro de Mozart.

"La musique, souvent, me prend comme une mer". Quand, avec Beethoven ou Wagner, je m’embarque pour une croisière, ces vers de Baudelaire quelquefois me reviennent en mémoire. Guidé par ces timoniers géniaux, charrié, bousculé par les lames profondes, je sens monter en moi un irrésistible sentiment d’exaltation et de reconnaissance pour la vie et l’univers qui l’a engendrée.
Les sons, les couleurs, les mots sont les alphabets des artistes. De leurs combinaisons naissent des émotions nouvelles qui nous révèlent en nous-mêmes des océans inconnus, des cavernes d’Ali Baba inexplorées.»

 

Forme, force, complexité

Le rapport de l’homme contemporain avec l’univers est un mélange instable d’ivresse et d’angoisse. Ivresse de la conquête de l’espace par le télescope, par les fusées et les navettes spatiales. Ivresse des grandes découvertes de l’astronomie. Mais l’angoisse apparaît comme l’envers caché de cette ivresse. Nul ne l’a mieux exprimée que Blaise Pascal; «le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.»

De la forme à la force

Extraits

Comment donc rendre sa poésie au monde sans lui enlever sa vérité? Comment harmoniser sa vérité quantitative et sa vérité qualitative? Comment éviter que la rencontre de ces deux dimensions ne tourne en duel? Les grandes cosmologies du passé dans ce contexte présentent un intérêt inattendu pour celui qui serait tenté que de n’y voir que de maladroites préfigurations des connaissances d’aujourd’hui. Certes, sur le plan étroitement scientifique, les doctrines de Pythagore, d’Aristote, des stoïciens, de Ptolémée ou de Kepler n’ont qu’un intérêt historique plutôt limité.

Dès lors cependant qu’on se soucie de présenter une vision globale et unifiée de l’univers, de donner sens aux faits observés, ces cosmologies ne sont plus seulement les premiers barreaux d’une échelle qui monte vers l’astronomie contemporaine, mais tel un chef-d’œuvre de Praxitèle, chacune d’elles, dans ce qu’elle a de plus profond, apparaît comme une source intemporelle d’inspiration.

[…]

Nous pensons aujourd'hui que le monde est non pas un ordre (cosmos), mais un ensemble informe de forces auquel il nous appartient de donner une forme, opération que nous appelons transformer le monde. Les Pythagoriciens pensaient que c'est l'homme plutôt qui est un ensemble informe de forces et que par suite, avant de songer à transformer le monde, il doit s'imprégner de sa forme en le contemplant. Tel était le sens des longues années de silence, de méditation et de réflexion que Pythagore exigeait de ses disciples.

[…]

Le rapport de l’homme contemporain avec l’univers est un mélange instable d’ivresse et d’angoisse. Ivresse de la conquête de l’espace par le télescope, par les fusées et les navettes spatiales. Ivresse des grandes découvertes de l’astronomie.

Mais l’angoisse apparaît comme l’envers caché de cette ivresse. Nul ne l’a mieux exprimée que Blaise Pascal; «le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.» On commet toutefois un contresens lorsqu’on présume que cette pensée de Pascal exprimait sa propre émotion. Elle est extraite d’un Discours du Libertin; en la mettant dans la bouche de ce dernier, Pascal évoque ce qu'allait être l’angoisse de l’athée moderne et il saisit cette occasion pour opposer la profondeur de la pensée à l'étendue de l'espace. Il avait pressenti aussi bien le grand mal à venir que le remède à ce mal :«La pensée fait la grandeur de l’homme. L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser: une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui ; l’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser: voilà le principe de la morale.

Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai pas d’avantage en possédant des terres: par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit comme un point ; par la pensée, je le comprends» .

De la forme au chaos

Pythagore était à la fois et dans l'ordre un mystique, un philosophe, un savant et un éducateur. Dans sa vision du monde, la métaphysique,  la cosmologie, l'éthique et l'esthétique sont aussi étroitement liées. Au terme de l'aventure du nombre, que je vous invite à parcourir avec moi, on trouve plusieurs figures de proue qui se rapprochent de la même unité. Le biologiste Stuart A.Kaufmann en est un exemple. Dans Reinventing the Sacred, ce grand biologiste, l'un de ceux qui ont fait la réputation du Santa Fe Institute, ne craint pas de prendre énergiquement position contre le réductionnisme et de proposer une vision du monde rappelant celle de Pythagore par son caractère englobant. L'homme qui jette humblement sa sonde dans la complexité de la vie rejoint ainsi celui qui contemplait humblement l'ordre du ciel étoilé.

[…]

Au moment où la psychologie dynamique − retenons bien ce mot − s'ébauche ainsi, en cosmologie, la force se substitue progressivement à la forme comme principe explicatif de l'univers. L'orbite elliptique découverte par Kepler est en physique la première victoire contre la forme pure du cercle. Et c'est par des calculs fondés sur l'analyse des forces que Newton confirmera la thèse de Kepler. Il le fera toutefois dans le cadre d'une physique dite classique parce qu'on y considère encore comme négligeables les petites forces qui complexifieraient le système si l'on en tenait compte. Mais puisqu'on avait donné la préséance aux forces, tôt ou tard on devrait tenir compte de toutes les forces présentes dans le contexte où se produit un phénomène.

 

Voyage dans l'histoire des conceptions du monde

Le rapport de l'homme moderne avec l'univers est un mélange instable d'ivresse et d'angoisse. Ivresse de la conquête de l'espace, par le téléscope d'abord, par les fusées ensuite... Ivresse des grandes énigmes dénouées: éloignement des galaxies qui permet de situer le big bang, l'explosion initiale, il y a 15 milliards d'années; découverte des trous noirs, des quasars.

Le prochain sommet de cette ivresse sera vraisemblablement atteint dans quelques années, quand les Américains auront placé en orbite un télescope qui permettra de repousser plus loin encore la limite de l'explorable.

Mais déjà au XVIIe siècle, avant même que Newton n'ait établi la mécanique céleste sur des bases solides, l'angoisse apparaissait comme la face cachée de l'ivresse: «Le silence éternel des espaces infinies m'effraie!» avoue Pascal.

 

Le sens dans l'univers

Et la philosophie nouvelle sème partout le doute,
Le feu primordial est éteint,
Le Soleil perdu de vue, ainsi que la Terre, et nulle intelligence
N'aide plus l'homme à les trouver.
Les hommes admettent volontiers que notre monde est épuisé
Lorsque dans les planètes et le firmament
Ils cherchent tant de nouveautés, puis s'aperçoivent que
Telle chose est à nouveau brisée en ses atomes
Tout est en pièces,sans cohérence aucune [...]
Et dans les constellations alors s'élèvent
Des étoiles nouvelles, tandis que les anciennes disparaissent à nos yeux.

(John Donne- 1611)

 

Le mal dans l'univers

La beauté de l’univers enferme la violence des éléments, la cruauté des animaux entre eux et la méchanceté des humains envers leurs semblables et les autres vivants. Si ce mal n’existait pas, tout irait pour le mieux, mais dans ce meilleur des mondes, notre autonomie se limiterait au choix superficiel entre des objets et des projets ; nous n’aurions pas ce don suprême, méritant pleinement le nom de liberté, de choisir entre le bien et le mal. Nous n’aurions que des préférences, point d’engagements profonds et durables pouvant aller jusqu’au sacrifice de notre vie pour des êtres et des pays aimés.

Les chemins vers cette liberté profonde varient selon les cultures, Voici celui que m’indiquent mes racines chrétiennes :la perfection n’est pas de ce monde. La nature, par Dieu créée, est imparfaite, mais elle comporte assez de vie, de bien et de beauté pour que, usant de sa liberté et misant sur la grâce, l’homme s’oriente vers une perfection intérieure baignant dans le mystère de l’amour et auréolée d’éternité.

Vue sous cet angle, la liberté est le sens du mal, vérité qu’on hésite à reconnaître tant on peut craindre qu’elle serve à justifier la complicité avec le mal. Composer avec le mal et en être complice sont heureusement deux choses bien différentes. Le meilleur usage de la liberté est de combattre le mal, en soi et hors de soi, sans exiger ni même rêver de l’éradiquer, mais en désirant l’énergie spirituelle requise pour nous engager réellement dans la voie de notre idéal.

 

La Providence et le hasard

Face à un univers qui le dépasse et lui semble parfois indifférent, voire hostile, l’homme a, de tout temps, oscillé entre une résignation stoïque et une confiance plus ou moins aveugle en une providence bien intentionnée que le Petit Robert définit ainsi : « Sage gouvernement de Dieu sur la création et, par extension, avec une majuscule, Dieu gouvernant sa création ». Tout ce qui peut (ou ne peut) être dit au sujet de Dieu s’applique donc aussi à la Providence, y compris la mise en garde d’Augustin d’Hippone à quiconque s’apprête à discourir sur le sujet : « Le plus beau de ce qu’un homme peut dire de Dieu est de savoir se taire par pure sagesse de richesse intérieure. Donc tais-toi et ne radote pas sur Dieu! » Et Fénelon de renchérir : « Taisez-vous, et Dieu parlera. Comment voulez-vous qu’il le fasse quand vous faites tant de bruit? »
Un homme averti en valant deux, « nous » laisserons la parole à d’autres.
Sébastien-Roch Nicolas, dit Chamfort, homme de lettres et révolutionnaire français du XVIIe siècle, résume l’ambivalence de l’homme face au mystère lorsqu’il écrit : « Quelqu'un disait que la Providence était le nom de baptême du hasard; quelque dévot dira que le hasard est un sobriquet de la Providence ». 

Synthèses

L'Encyclopédie de l’Agora n’est pas une somme des connaissances établie par une myriade de spécialistes sans grandes affinités entre eux. Elle est une œuvre, celle d’un auteur principal entouré d’amis ayant des affinités intellectuelles avec lui et ébauchant séparément leur propre synthèse. [En savoir davantage]


Appartenance

Plus nous avançons sur le chemin de la paix intérieure et de l'intégrité, plus le sens de l'appartenance croît et s'approfondit. Ce n'est pas seulement l'appartenance [...] à une communauté qui est en cause, mais aussi l'appartenance à l'univers, à la terre, à l'eau, à tout ce qui vit, à toute l'humanité. 

Univers

À l’heure où les astrophysiciens décrivent la farandole des galaxies et la valse des étoiles, la conception dominante de l’univers se réduit au mot Big Bang, évoquant une explosion, comme celle d'Hiroshima. La tradition, et une certaine science depuis peu, nous invitent à lui préférer, métaphore pour métaphore, celle de l'éclosion, associée à celle de l'oeuf cosmique. S'il est incontestable qu'il y eut violence à l'origine, faut-il en conclure que cette violence doit être absurde comme dans une explosion, faut-il exclure qu'il puisse s'agir d'une violence ayant un sens, comme celle de l'éclosion?

Vie

«Seule la vie peut donner la vie. L’intelligence peut façonner, mais étant morte, elle ne peut donner une âme. De la vie seulement peut jaillir le vivant.» Goethe, Zahme Xenien

Mort

«Est dit éternel ce qui par soi ne peut changer ni vieillir ni périr. Une sublime amitié est éternelle en ce sens qu'elle ne peut être atteinte qu'obliquement et par des événements qui lui sont tout à fait étrangers. L'amour prétend être éternel. Les pensées les plus assurées, comme d'arithmétique et de géométrie, sont éternelles aussi. La durée, au contraire, est essentielle à tout ce qui change et vieillit par soi. L'idée de rassembler tout l'éternel en Dieu est raisonnable, quoique sans preuve à la rigueur, comme au reste tout éternel, amitié, amour, arithmétique.» (Alain, Les dieux et les arts)

Dieu

«On va à Dieu par des commencements sans fin», écrit un Père de L’Église. Cette page est notre premier commencement… Une parfaite définition de Dieu par le plus grand des théologiens serait moins à sa place ici que nos balbutiements. Étant les auteurs d’une oeuvre qui comporte déjà mille allusions à Dieu, c’est à nous, cohérence oblige, qu’il appartient d’évoquer le foyer vers lequel convergent ces allusions.

Homme

L’humanisme est une vision du monde où tout gravite autour de l’homme comme tout gravitait autour de Dieu dans la vision antérieure en Occident. Ainsi défini, l’humanisme est le produit d’une révolution copernicienne inversée: l’homme, auparavant satellite de Dieu, devient l’astre central.

Plantes et animaux

La plante est immobile et choyée. Sa nourriture lui est donnée. Il lui suffit pour l’accueillir de laisser croître ses racines dans la terre et dans le ciel. L’animal doit chercher sa nourriture, et pour cela, il est libre dans ses déplacements. Sans doute est-ce la raison pour laquelle on l’a associé étroitement à l’homme, mais ainsi amputé de sa dimension plante, ce dernier n’allait-il pas s’éloigner de ce qui deviendrait un jour un idéal pour les jeunes et pour les vieux une nécessité i : contempler et à cette fin rester immobile.

Amour

Tout dans l’univers, et l’univers lui-même, tend vers le froid uniforme, et un désordre qui n’est rien d’autre que la rupture des liens unissant  les éléments constitutifs du vaste ensemble. Dans ce monde qui se défait, les êtres vivants sont des points d’ordre qui contredisent la loi générale. En eux l’énergie, qui se dégrade tout autour, se concentre pour former tantôt une plante qui grimpe, tantôt un animal qui vole, tantôt un animal qui pense... qui aime, qui aime ô merveille! au-delà de ce que l’espèce exige de lui pour assurer sa propre reproduction.

Vérité

Qu’est-ce que la vérité ? Pourquoi nous donnons-nous tant de mal pour la trouver, la défendre et la répandre ? Tentons d’abord de répondre par le recours le plus simple et le plus spontané à la raison. La vérité c’est la vie, ce qui assure sa persistance et sa croissance : distinguer la plante toxique de la plante nourricière, la vraie beauté, celle qui élève par opposition à celle qui dégrade. La preuve est dans le résultat, dans le degré d’accomplissement des êtres en cause. 



Liberté

En bas de cette échelle, l’élan impétueux de l’animal sauvage bondissant hors de sa cage-piège; en haut un sage ébloui par ses principes, un mystique ravi par son Dieu. Impulsion dans le premier cas, contemplation dans le second. Point de choix en ces extrêmes. «Les instincts des animaux survivent dans l’homme à l’état d’ébauche.» (K.Lorenz). À leur place, un grand vide angoissant. Ce vide est le lieu de naissance de la liberté.

Bien

Le mal dont le bien doit triompher en nous pour nous rendre meilleur n’est pas une simple carie dentaire qu’on peut obturer en quelques secondes, mais une infection centrale résistant aux antibiotiques. La vie de celui qui désire vraiment en guérir ressemblera à un chenin de croix ou à la marche d’un Bouddha à recherche de la voie du milieu.

Beauté

« C'est à coups de tonnerre et de feux d'artifice célestes qu'il faut parler aux sens flasques et endormis. Mais la voix de la beauté parle bas: elle ne s'insinue que dans les âmes les plus éveillées. Doucement mon bouclier a vibré et a ri aujourd'hui : c'était le frisson et le rire sacré de la beauté! » Nietzsche

Société

«Si les citoyens pratiquaient entre eux l'amitié, ils n'auraient nullement besoin de la justice; mais, même en les supposant justes, ils auraient encore besoin de l'amitié.» ARISTOTE, Éthique à Nicomaque

Désengagement

Proche du scepticisme sur le plan intellectuel, la neutralité est aussi proche de l'indifférence sur le plan affectif et de l'indifférentiation sur le plan physiologique. 

Politique

D’abord la justice et bien commun! Il sera souvent question de la démocratie dans cette synthèse. Trop peut-être, car en ce moment, dans les démocraties occidentales du moins, dont certaines sont en voie de désintégration, on a recours au concept de démocratie lui-même comme critère pour juger de la situation concrète dans les démocraties en cause. Funeste tautologie contre laquelle Aristote nous avait mis en garde.

Justice - droit et droits

C'est dans l'indignation devant l'injustice qu'il faut d'abord chercher la voie de la justice. Il faut toutefois au préalable pouvoir distinguer le sentiment authentique et universel d'injustice de l'insatisfaction personnelle qui est à l'origine des revendications.

Technique

Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?

Nourriture et culture

Sapere : goûter et savoir. Associer ces deux expériences pour mieux comprendre l’une et l’autre et s’habituer ainsi à distinguer la vraie culture, nourricière, de la fausse, réduite au divertissement. Deux sujets vastes.

Éducation

La perspective historique la plus longue possible est la voie royale pour préciser le diagnostic et trouver les meilleurs remèdes au mal qui frappe l’éducation.



Caractère et personne

La caractérologie, une science en plein essor au début du XXème siècle, semble être aujourd’hui en voie d’extinction. Ne serait-ce pas parce que le caractère des personnes a disparu ? Certains maîtres en cette discipline, dont Ludwig Klages, en avaient prédit l’extinction pour cette raison.

Ordinateur

Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]

Sport

Plus un sport est naturel, plus il y a de chances qu'on puisse le pratiquer longtemps, parce qu'on en aura toujours le goût et les moyens. Quel que soit le sport choisi, il ne restera durable que si on le pratique avec mesure, dans le respect de l'ensemble de l'organisme et de chacun des organes et des muscles sollicités, avec en outre le souci de rendre toujours plus harmonieux les rapports de l'âme et du corps.

Art

«C'est par le truchement de l'expression artistique que les valeurs les plus hautes acquièrent une signification éternelle et une force capables d'émouvoir l'humanité. L'art possède la faculté illimitée de transformer l'âme humaine — faculté que les Grecs appelaient psychagogia. Seul, en effet, il dispose des deux éléments essentiels à l'influence éducative: une signification universelle et un appel immédiat. Parce qu'il combine ces deux moyens susceptibles de faire autorité sur l'esprit, il surpasse à la fois la réflexion philosophique et la vie réelle.» Werner Jaeger, Paideia: la formation de l'homme grec

Science

Faire acte de science c’est échapper à la contrainte sous toute ses formes : préjugés personnels, conformisme, tradition, pression sociale, financière, opinion majoritaire, y compris celle des pairs. Serait-ce la raison pour laquelle la science a fleuri dans la Grèce antique puis dans l’Europe moderne. Et n’est-ce pas en raison de  l’oubli de cette règle qu’elle tombée en disgrâce dans la Russie stalinienne et les États-Unis de Donald Trump ?

Philosophie

L'attente active, celle qui consiste à soumettre à la critique les réponses imparfaites, Socrate l'appelait philosophie, mot qui signifie amour (philein ) de la sagesse (sophia). Cet amour s’accomplit à deux conditions : la rigueur dans la pensée et le souci de la purification dans la vie personnelle. 

Technique

Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?

Ordinateur

Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]

Christianisme

Selon Marguerite Yourcenar, Marc Aurèle,le sage Marc-Aurèle, le divin Marc, est le Romain de l’antiquité dont il subsiste le plus de sculptures. Preuve qu’il a été le plus  admiré, aimé. S’il est vrai que la qualité d’un amour se mesure à la beauté, à la variété et au nombre des œuvres d’art qu’il a inspirées, le christianisme est une prodigieuse histoire d’amour.

Notre catholicisme

Ce catholicisme qui nous a faits ! Plusieurs sont d’avis qu'il nous a défaits à la fois politiquement et psychologiquement. Depuis 1960, ils ont eu toutes les tribunes dont ils pouvaient rêver pour exposer leurs regrets et leurs doléances. Dans cette synthèse, nous voulons donner la parole à ceux qui, sans avoir renoncé à leur esprit critique, veulent bien reconnaître que le catholicisme nous a aussi faits… un peu, a contribué à notre épanouissement et à notre accomplissement, en tant que peuple comme en tant qu’individus. Même si elle ne devait être qu’un dernier adieu reconnaissant, cette synthèse est nécessaire [...]

Québec

Le Québec est un microcosme. Se trouve-t-il un seul groupe humain sur la planète auquel il ne ressemble pas par quelque côté?
On y parle les deux langues qui ont le plus contribué à faire le monde tel qu'il est aujourd'hui: le français et l'anglais. La société de ce Québec était traditionnelle, médiévale même, il y a à peine cinquante ans; elle devance aujourd'hui la Californie dans certaines expérimentations.