L'Agorales synthèses

L'Encyclopédie de L'Agora : une vision organique du monde


Bien

Devenir meilleur

. «Les mots ne suffisent plus, il faut agir et vite !» Voilà ce qu’on entend sur toutes les tribunes suite à un viol ou à la mort d’un enfant maltraité, voire seulement victime d’un accident qui aurait pu être évité. Sous-entendu.: l’être humain est une voiture sans chauffeur qu’il faut réparer de l’extérieur et superficiellement, par des procédés techniques, seule façon de le faire vite. Les changements profonds sont lents.

«Les mots ne suffisent plus.» Derrière cette doléance, à première vue remplie de compassion et de réalisme, se cache un subtil mépris de la parole féconde et, par suite, de tout ce qui nourrit l’âme et la rend meilleure. Devenir meilleur est l’œuvre de la vie et l’affaire d’une vie, à un rythme hors de notre contrôle pour l’essentiel. Une grossesse dure neuf mois et il en sera ainsi tant que les utérus artificiels n’auront pas accéléré la gestation. Une vérité entre en nous, celle-ci par exemple : «aimer un être c’est désirer son bien sans exiger d’en être la cause.» Quel sera le temps de gestation de cet embryon spirituel ? Pour achever son développement, il lui faudra relever le double défi de la possessivité et de la jalousie, ce qui exigera peut-être toute une longue vie. Ainsi de tous les mots et marques d’amour dont nous avons été l’objet dans notre jeunesse. Ainsi également des paysages, des poèmes, des mélodies, des tableaux ayant pénétré en nous pour toujours. Rien n’est jamais terminé.

Le mal dont le bien doit triompher en nous pour nous rendre meilleur n’est pas une simple carie dentaire qu’on peut obturer en quelques secondes, mais une infection centrale résistant aux antibiotiques. La vie de celui qui désire vraiment en guérir ressemblera à un chenin de croix ou à la marche d’un Bouddha à la recherche de la voie du milieu. D’où la tentation de se limiter pour devenir meilleur à éliminer ou anesthésier les caries et autres symptômes superficiels. Les moyens techniques dont nous disposons nous poussent dans cette direction. Cela suffit pour réussir dans la vie, mais non pour réussir sa vie, pour demeurer normal, mais non pour s’accomplir.

 

Talismans intérieurs

J’appelle talismans intérieurs ces souvenirs nourriciers qui ressurgissent en nous, tel des anticorps, au moment opportun,  comme ces vers de Verlaine à l’occasion d’un achat compulsif :
    Hélas ! on se prend toujours au désir
    Qu'on a d'être heureux malgré la saison…

Sapere : goûter, savoir. La vie intellectuelle est une vie, un voyage lent vers une fin mystérieuse et non une voie rapide vers un objectif précis, ce que Vigny a bien mis en relief dans son allégorie de la voie ferrée :

La distance et le temps sont vaincus…
Plus de hasard. Chacun glissera sur sa ligne,
Immobile au seul rang que le départ assigne,
Plongé dans un calcul silencieux et froid.

[…]
Adieu, voyages lents, bruits lointains qu'on écoute,
Le rire du passant, les retards de l'essieu,
Les détours imprévus des pentes variées,
Un ami rencontré, les heures oubliées
L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu.

[…]

La jeune esclave de Martial

Ô terre, ne sois pas lourde sur elle, qui fut si légère sur toi !

nec illi,
Terra, gravis fueris: non fuit illa tibi.


Littéralement

Terre, ne sois pas lourde pour elle: elle ne l'a pas été pour toi.

La traduction qui s’est gravée d’elle-même dans ma mémoire est beaucoup plus belle. Je ne trouverai jamais les mots pour dire ce qu’elle me révèle. Gravis, gravité, lourdeur de la terre, tandis que la jeune esclave me semble légère, innocente, abandonnée, prête à traverser la terre, pour remonter à sa source, comme cette fleur blanche appelée immortelle. si jeune et si gracieuse. En une phrase, le poète rachète cette injustice par un vœu qu’un Dieu pourrait exaucer.

 

La vie a un sens: Victor Frankl et la logothérapie

Victor Frankl
Cet éminent psychiatre spiritualiste, proche de Musil et de Kafka dans la Vienne de 1925,  n'a eu qu'un rayonnement limité dans le monde francophone. Le philosophe Rolf Kühn a comblé ce vide en 2006 en publiant, dans la revue le portiQue, un article intitulé « La pensée de Victor Frankl et notre temps ». Résumé: la pensée philosophique et logothérapeutique de V. E. Frankl est basée sur une phénoménologie de la liberté et du sentiment d’existence qui mettent en question les réductionnismes actuels du psychologisme, positivisme et nihi­lisme. L’individu réel répond à la vie à la fois axiologique et absolue pour donner un sens responsable à sa situation chaque fois unique. En 2016, Rolf Kühn publiait aux éditions L"Harmattan LOGOTHÉRAPIE ET PHÉNOMÉNOLOGIE, Contributions à la compréhension de l'analyse existentielle de Viktor E. Frankl. Voici un extrait de l'article de le portiQue.

(...)

Or, dès ses débuts, on trouvera chez Frankl trois concepts-clés : logoséros et éthos, qui définissent, à la fois sur les plans philoso­phique et psychothérapeutique, ce qu’il appelle, à ce moment déjà, la « vocation » ou la « mission » de chaque individu . C’est une dé­cennie plus tard, surtout après l’expérience cruciale des camps de concentration, que Frankl va préciser ses premières intuitions par les concepts plus élaborés de l’analyse existentielle et de la logothé­rapie. On ne peut pas affirmer que Frankl a découvert tout seul cette nouvelle conception d’une psychologie entièrement huma­niste, car il a reconnu lui-même, au moins deux prédécesseurs qui lui ont légué l’importance philosophique de la valeur à travers les donnés d’une conscience morale ou d’une responsabilité libre.

(...)

Il suffisait, afin de dégager l’existence concrète de n’importe quelle situation de la vie, d’interpréter la donation originaire et certaine des valeurs réelles par une phénoménologie adéquate de la « pré-compréhension ontologique du vécu existentiel » qui est propre à chaque individu avec sa valeur authentique. Par ce lien philosophique et psychothérapeutique, entrevu par Frankl grâce aux analyses de Scheler, Husserl et Heidegger, il était en mesure de répondre, à sa manière d’une « pastorale médicale », au défi que la phénoménologie classique avait alors lancé, de son côté, face au naturalisme scientiste régnant : à savoir que toute connaissance empirique ou théorique suppose, de prime abord, une subjectivité vivante ou une existence ouverte sur l’Être. Le Logos, l’Éros et l’Éthos du premier Frankl devint, par cette voie, l’intentionnalité du sens, la transcendance existentielle et le « Dieu inconscient » ou l’intuition axiologique de sa psychologie logothérapeutique

Dans le sillage de Simone Weil

Aux besoins de l'âme humaine, (ordre, liberté, responsabilité, enracinement,) correspondent des obligations ayant, selon Simone Weil, peéséance sur les droits. Au début de L'enracinement, ellle présente une liste de ces besosins et de ces obligations.

« Il me paraît impossible d'imaginer pour l'Europe une reconnaissance qui ne tienne pas compte des exigences que Simone Weil a définies » a écrit Albert Camus.

« L'enracinement », ce « prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain » a été écrit par Simone Weil en 1943, à Londres, peut de temps avant sa mort. Il a été considéré, à juste titre, comme son testament spirituel.

Simone Weil examine les rapports entre l'individu et sa collectivité. Elle montre les failles du monde moderne, la décomposition de la société contemporaine et esquisse les conditions d'une intégration harmonieuse de l'homme – et avant tout del'ouvrier – dans un ensemble équilibré

« La notion d'obligation prime celle de droit, qui lui est subordonnée et relative. Un droit n'est pas efficace par lui-même, mais seulement par l'obligation à laquelle il correspond ; l'accomplissement effectif d'un droit provient non pas de celui qui le possède, mais des autres hommes qui se reconnaissent obligés à quelque chose envers lui. L'obligation est efficace dès qu'elle est reconnue. Une obligation ne serait-elle reconnue par personne, elle ne perd rien de la plénitude de son être. Un droit qui n'est reconnu par personne n'est pas grand-chose.»

L'enracinement: le livre au complet format PDF

 

 

 

 

L'Ordre

Le premier besoin de l'âme, celui qui est le plus proche de sa destinée éternelle, c'est l'ordre, c'est-à-dire un tissu de relations sociales tel que nul ne soit contraint de violer des obligations rigoureuses pour exécuter d'autres obligations. L'âme ne souffre une violence spirituelle de la part des circonstances extérieures que dans ce cas. Car celui qui est seulement arrêté dans l'exécution d'une obligation par la menace de la mort ou de la souffrance peut passer outre, et ne sera blessé que dans son corps. Mais celui pour qui les circonstances rendent en fait incompatibles les actes ordonnés par plusieurs obligations strictes, celui-là, sans qu'il puisse s'en défendre, est blessé dans son amour du bien.

L'Enracinement

L'Enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.
 

Grâce

"Dans la vie morale, il ne suffit pas d'indiquer un but à atteindre, il faut aussi donner accès à des sources d'énergie spirituelle qui rendent possible le mouvement vers le but. Simone Weil :  « L'objet d'une action et le niveau de l'énergie qui l'alimente, choses distinctes.Il faut faire telle chose. Mais où puiser l'énergie ? Une action vertueuse peut abaisser s'il n'y a pas d'énergie disponible au même niveau. (La pesanteur et la grâce)
Cela place la question de la grâce au cœur de la recherche du bien.
Le mot grâce a deux sens bien distincts, selon qu'il désigne une qualité d'une personne ou une nourriture surnaturelle. Nous réunissons ces deux sens dans un même dossier parce qu'il existe au moins une analogie entre eux. Quand Bergson note que nous apercevons dans la grâce supérieure «l'indication d'un mouvement vers nous, d'une sympathie virtuelle ou naissante», il nous invite à voir une ressemblance entre le rayonnement d'une personne suprêmement gracieuse et celui d'une autre, sage ou sainte, dont on peut dire qu'elle a été touchée par la grâce.

[…]

« Il y a analogie entre les rapports mécaniques qui constituent l'ordre du monde sensible et les vérités divines. La pesanteur qui gouverne entièrement sur terre les mouvements de la matière est l'image de l'attachement charnel qui gouverne les mouvements de notre âme. La seule puissance capable de vaincre la pesanteur est l'énergie solaire. C'est cette énergie, descendue sur terre dans les plantes et reçue par elle qui leur permet de pousser verticalement de bas en haut. Par l'acte de manger elle pénètre dans les animaux et en nous; elle seule nous permet de nous tenir debout et de soulever des fardeaux. Toutes les sources d'énergie mécanique, cours d'eau, houille et très probablement pétrole, viennent d'elle également; c'est le soleil qui fait tourner nos moteurs, qui soulève nos avions, comme c'est lui aussi qui soulève les oiseaux. Cette énergie solaire nous ne pouvons pas aller la chercher, nous pouvons seulement la recevoir. C'est elle qui descend. Elle entre dans les plantes, elle est la graine ensevelie sous terre, dans les ténèbres, et c'est là qu'elle a la plénitude de la fécondité et suscite le mouvement de bas en haut qui fait jaillir le blé ou l'arbre. Même avec l'arbre mort, dans une poutre, c'est elle encore qui maintient la ligne verticale; avec elle nous construisons nos demeures. Elle est l'image de la grâce qui descend s'ensevelir dans les ténèbres de nos âmes mauvaises et y constitue la seule source d'énergie qui fasse contrepoids à la pesanteur morale, à la tendance au mal. [...]
La grâce, telle que l'évoque le théologien Karl Rahner correspond à la conception de Simone Weil. « Nous est-il déjà arrivé de pardonner sans attendre en retour une rétribution et même si le pardon silencieux était considéré comme allant de soi? Nous est-il déjà arrivé d'accomplir une tâche quand, apparemment, nous ne pouvons l'accomplir qu'avec le sentiment brûlant de faire vraiment abnégation de nous-mêmes et de nous effacer? Avons-nous déjà été bons envers un homme de qui nous n'attendons aucun écho de reconnaissance ou de compréhension, et sans même être récompensés par le sentiment d'avoir été désintéressés, maganimes, etc.? » (Vivre et croire aujourd'hui, Desclée de Brouwer, Paris, 1967, p. 37.)
Si, ajoute Rahner, nous avons déjà fait de telles expériences, c'est signe que nous avons aussi été touchés par la grâce, que nous avons fait l'expérience spirituelle: « Expérience de l'éternité, expérience de ce que l'esprit est plus qu'une parcelle de ce monde temporel, expérience de ce que la signification de l'homme n'apparaît pas dans le signification et le bonheur de ce monde, expérience du risque et de la confiance aveugle qui n'a vraiment aucun appui suffisant dans la réussite de ce monde. » (Vivre et croire aujourd'hui, Desclée de Brouwer, Paris, 1967, p. 37.)

 

Le divorce entre l'éthique et l'esthétique

Tel de nos ancêtres qui avait vécu à l’ombre, ou plutôt à la lumière de la cathédrale de Caen, ne retrouvait plus en Canada que des forêts, des rivières et, ici et là, une cabane au milieu d’une clairière. Certes, pour construire leurs maisons ou leurs églises, ces ancêtres ont su s’inspirer des modèles européens dont ils conservaient le souvenir. Ils n’en n’étaient pas moins privés de l’inspiration et de la joie vivifiante que leur procuraient en Europe les paysages et les monuments qu’un long passé civilisé avait disposés autour d’eux.

Dans une civilisation unifiée, l’éthique et l’esthétique sont une même idée incarnée dans des règles de vie dans un cas, et dans l’autre cas, dans de la pierre, des couleurs ou des sons. L’éthique est l’esthétique de l’âme, tandis que l’esthétique est l’éthique du paysage. Dans le Temple d’Éphèse, Victor Hugo a merveilleusement rendu cette correspondance.

Le Temple d’Éphèse

Ma symétrie auguste est sœur de la vertu ;

Sparte a reçu sa loi de Lycurgue rêveur…

Moi, le temple, je suis législateur d’Éphèse ;

Le peuple en me voyant comprend l’ordre et s’apaise ;

Mes degrés sont les mots d’un code, mon fronton

pense comme Thalès, parle comme Platon,

Mon portique serein pour l’âme qui sait lire,

A la vibration pensive d’une lyre,

Mon péristyle semble un précepte des cieux ;

Toute loi vraie étant un rythme harmonieux,

Nul homme ne me voit sans qu’un dieu l’avertisse ;

Mon austère équilibre enseigne la justice ;

Je suis la vérité bâtie en marbre blanc ;

Le beau, c’est, ô mortels, le vrai plus ressemblant ;

[…]

Éloignez-vous du temple et vous manquerez d’inspiration pour obéir aux préceptes du législateur. Vous devrez vous cramponner à ces préceptes, ce qui les durcira et vous dépendrez davantage de votre volonté. Vous serez en effet privés de la grâce qui atteint l’homme à travers les œuvres d’art et les cérémonies religieuses. Quelques mégalomanes des États-Unis ont voulu importer d’Europe, pierre par pierre, des monastères et des châteaux. Peine perdue, tâche impossible ! Les coûteuses répliques ne furent jamais que des répliques.

 

La banalité du mal selon S.Weil et H.Arendt

 Je suis consciente de l’indignation douloureuse que suscite chez nos contemporains l’expression même de « banalité du mal ». Et cette indignation justement, rend utile la réflexion sur ce sujet.

  Nos deux auteurs sont proches par l’irruption dans leur vie et dans leur chair de la catastrophe historique que constitue le nazisme. Devant cet événement, elles ne pouvaient pas l’une et l’autre ne pas poser la question du mal. La comparaison des deux approches est éloquente. Hannah Arendt (1906-1975) est fille de son époque, engagée. Simone Weil (1909-1943), en dépit de ses engagements sociaux et politiques, nous apparaît bien souvent surnaturelle, intemporelle, détachée. Et pourtant, il me semble que c’est Simone Weil qui a été le plus loin dans la réflexion sur le mal concret du XX° siècle, qui apparaît littéralement comme l’irruption du diable dans l’histoire des hommes.

[…]

C’est au cours de la guerre d’Espagne que Simone Weil rencontre concrètement la banalité du mal. Elle l’écrit à Georges Bernanos (dans une lettre de 1938 que celui-ci conservera dans son portefeuille jusqu’à sa mort) après la lecture des Grands cimetières sous la lune. Puis elle éclaircit encore ses analyses dans Réflexions sur la barbarie (1939). Ce qui l’a frappée dans cette guerre, c’est bien ce qui plus tard frappera Hannah Arendt devant Eichman : l’indifférence, la désinvolture qui accompagnent le crimes, autrement dit, l’absence de conscience du mal. Le plus terrible : cette désinvolture n’est pas exceptionnelle, mais générale au contraire : « je n’ai jamais vu personne exprimer même dans l’intimité de la répulsion, du dégoût ou seulement de la désapprobation à l’égard du sang inutilement versé » (25). Faiblesse terrible de la condition humaine : « sauf au prix   d’un effort de générosité aussi rare que le génie, on est toujours barbare avec les faibles » (26). Il faut donc affirmer avec vigueur que contrairement à ce que croient les pensées totalitaires, qui incarnent spécifiquement le Mal dans un groupe tantôt racial et tantôt social, le mal, et même le plus grand, est virtuel chez tous les hommes : « je voudrais proposer de considérer la barbarie comme un caractère permanent et universel de la nature humaine, qui se développe plus ou moins selon que les circonstances lui donnent moins de jeu » (27).

 

Morale et éthique

Grandeur de la loi morale

Deux choses remplissent l'âme d'une admiration et d'un respect toujours renaissants et qui s'accroissent à mesure que la pensée y revient plus souvent et s'y applique davantage : le ciel étoile au-dessus de nous, la loi morale au dedans. Je n'ai pas besoin de les chercher et de les deviner, comme si elles étaient enveloppées de nuages, ou placées, au delà de mon horizon, dans une région inaccessible ; je les vois devant moi, et je les rattache immédiatement à la conscience de mon existence.

Morale, éthique, droit, déontologie

Quatre termes reviennent régulièrement dans les discours sur l'action humaine : éthique, morale, déontologie et droit.  Entre l'éthique et la morale, les frontières sont floues au point qu'on se demande s'il n'aurait pas été préférable de s'en tenir à un seul mot. Voici un retour concis à la clarté. L'auteur distingue avec la même clarté le droit  et la déontologie de l'éthique

Morale et justice selon Bergson

« Pour Bergson, la morale possède un double visage (1). Elle se présente d'abord comme un système d'obligations solidaires, exprimant l'ensemble des exigences d'une société. Ce noeud d'impératifs impersonnels se présente à l'individu avec la nécessité des lois de la nature et s'impose à lui avec la force du devoir absolu et indiscutable. L'individu, pour être moral, s'ajuste alors sur l'ensemble des moeurs, des règles et des lois de la société dont il est membre. Il développe ainsi en lui, sous la pression sociale, un ensemble d'habitudes morales qui forment ce que Bergson nomme la morale close.

Mais la morale se présente aussi sous un autre visage. C'est celui de l'imitation de personnes, perçues comme des modèles où s'incarnent de multiples valeurs. Ces valeurs nouées au fond d'une individualité admirée agissent, non plus comme la pression des obligations impersonnelles mais comme un appel et une invitation toute particulière. Par-delà des exigences sociales, l'individu accède à une morale de l'attrait et de l'aspiration. Il retrouve son "moi profond" et l'élan créateur qui le traverse. Son devenir humain s'effectue alors sous le signe de la morale ouverte.

La bioéthique et autres éthiques disciplinaires

Au début des années 1980, la fécondation in vitro suscita une vive inquiétude dans la plupart des pays où on la pratiquait. Les bioéthiciens entrèrent alors en scène, avec mission, notons-le bien, non de s'indigner devant le fait que l'humanité avait été mise devant un fait accompli, mais de baliser le nouveau domaine envahi par la technique. Pour cette raison, l'entrée en scène de la bioéthique constituait avant tout une légitimation du phénomène en cause. On ne réglemente pas des pratiques qu'on refuse. On les interdit, tout simplement.

L'éthique disciplinaire ou insulaire présente le même caractère ambigu partout où elle s'impose. Elle est en fait au service de la discipline qu'elle réglemente avant d'être au service de la société. Elle est subordonnée aux intérêts des groupes et des individus associés à une discipline, plutôt qu'à des principes universels. Cette subordination est même inscrite dans le statut des bioéthiciens. Jadis les maîtres de l'éthique, de la morale plutôt, car c'est le mot que l'on employait, appartenait en tant que prêtre ou pasteur à une religion ou en tant que professeur, à une faculté de philosophie ou de théologie. De par leur statut même, ils étaient indépendants par rapport aux divers domaines spécialisés. La règle aujourd'hui c'est que les éthiciens sont engagés et rémunérés par les départements correspondant aux disciplines dont ils doivent juger les pratiques.

De l'amitié et des conflits d'intérês

J'ai poursuivi ma réflexion sur les conflits d'intérêts en compagnie d'un autre grand législateur et chef d'État qui n'est pas étranger aux lois de ce pays: le cardinal de Richelieu. Le fonctionnaire incompétent, écrit-il dans ses mémoires, est plus dangereux pour l'État que le fonctionnaire corrompu. On me pardonnera d'avoir traduit le mot facile par incompétent. Voici le texte:
«Je ne puis passer en cette rencontre sans dire ce que Ferdinand, grand-duc de Florence, qui a vécu de notre temps, disait à ce propos qu'il aimait mieux un homme corrompu, que celui dont la facilité était extrême, parce, ajoutait-il, que le sujet corrompu ne se peut pas toujours laisser gagner par ses intérêts, qui ne se rencontrent pas toujours, au lieu que le facile est emporté de tous ceux qui le pressent, ce qui arrive d'autant plus souvent qu'on connaît qu'il n'est pas capable de résister à ceux qui l'entreprennent.» (Oeuvres du cardinal de Richelieu, Librairie Plon, Paris, 1933, p. 33-34.)
Tout se complique soudainement. Nous voyons apparaître un conflit entre le bien ou l'intérêt de l'État et les principes. L'État est souvent mieux servi par le fonctionnaire qui s'écarte des principes que par celui qui les respecte scrupuleusement mais dont c'est là l'unique compétence. D'où la tentation d'aller vers l'un ou l'autre des deux excès suivants: fermer les yeux sur l'incompétence du fonctionnaire irréprochable, tout permettre au fonctionnaire compétent. Il m'a toujours semblé qu'au Québec, nous sommes plus menacés par le premier excès que par le second.

Quelques grandes morales

La morale des stoïciens

L'idée fondamentale du stoïcisme, idée déjà émise par Socrate et par Platon, mais que les premiers stoïciens, Zénon, Chrysippe et Cléanthe, ont exprimée avec bien plus de précision et un développement plus philosophique, c'est l'idée d'une justice naturelle, d'un droit naturel qui a son fondement dans l'essence même de l'homme et dans sa parenté avec la divinité. «La loi, disait Chrysippe, est la reine de toutes les choses divines et humaines, l'arbitre du bien et du mal, du juste et de l'injuste, la souveraine maîtresse des animaux sociables par nature. Elle commande ce qui doit être fait et défend le contraire.» Quel est le principe de la loi ou de la justice? C'est Dieu ou Jupiter: «On ne peut trouver, disait Chrysippe, un autre principe de la justice que Jupiter ou la nature première ou universelle. Et l'on ne doit pas dire seulement avec Orphée que la justice est assise à la droite de Jupiter, il est lui-même le droit et la justice; il est la plus antique et la plus parfaite des lois.» Cette loi, étant elle-même la droite raison, unit tous ceux qui ont la raison. en partage: «Or, tous les hommes possèdent la raison qui est une dans son principe; donc tous les hommes sont capables de la loi et de la même loi» 2.

 

La morale chrétienne

La morale des apôtres et les saints pères. — Le principe du christianisme était l'amour ou la charité. Mais l'on peut distinguer deux formes et deux aspects dans la charité; d'une part, la charité contemplative, celle qui se complaît à goûter les joies de la méditation et de la prière; de l'autre, une charité active, énergique, enflammée du feu du prosélytisme. Tandis que le doux apôtre saint Jean retiré dans les solitudes de Patmos savourait les mystères de l'union du Verbe avec son Père et avec la nature humaine, et reproduisait dans ses épîtres les accents les plus tendres et les plus paisibles de l'amour évangélique, saint Paul marchait à la conquête du monde ancien, portait la nouvelle parole à Athènes et à Rome, et méritait le nom d'Apôtre des gentils. On peut dire qu'il a été le second fondateur du christianisme en l'établissant au coeur même de la civilisation antique 21.

Le principe du christianisme a été l'amour ou la charité. Jésus a développé ce principe dans les termes les plus tendres et les plus exquis, et l'a surtout fait sentir dans ses applications. Saint Paul a exprimé le principe lui-même avec une éloquence abrupte et sublime, qui laisse bien loin d'elle celle de Cicéron. «Quand je parlerais toutes les langues des hommes et des anges, si je n'ai point la charité, je ne suis qu'un airain sonore, une cymbale retentissante. — Quand j'aurais le don de prophétie, que je pénétrerais tous les mystères, et que je posséderais toutes les sciences; quand j'aurais la foi qui transporte des montagnes; si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. — Et quand je distribuerais tout mon bien pour nourrir les pauvres, et que je livrerais mon coeur pour être brûlé, si je n'ai point la charité, tout cela ne me sert de rien. — La charité est patiente, elle est bienfaisante; elle n'est point jalouse, elle n'est point téméraire; elle ne s'enfle point. — Elle souffre tout; elle croit tout; elle espère tout; elle supporte tout 22.»

 

Morale et politique hindoues: le bouddhisme

Ce n'est pas seulement par le principe de l'égalité religieuse que le bouddhisme a été un progrès sur le brahmanisme, c'est par le développement admirable donné aux principes d'humanité, de fraternité, qui existaient déjà en germe, nous l'avons vu, dans les lois de Manou, mais durement comprimés par l'odieux principe des castes. Comme le christianisme a transformé le mosaïsme en rejetant tout ce qu'avait inspiré la dureté antique et en développant les meilleurs éléments de cette morale, ainsi le bouddhisme développe, purifie, anoblit, attendrit la morale du brahmanisme. Comme le christianisme, le bouddhisme est une doctrine de consolation: «Celui qui cherche un refuge auprès de Bouddha, celui-là connaît le meilleur des asiles, le meilleur refuge; dès qu'il y est parvenu, il est délivré de toutes les douleurs 60.» Ainsi Jésus-Christ dit dans l'Évangile: «Venez à moi, vous tous qui ployez sous le joug, je vous ranimerai.» Le bouddhisme est une doctrine d'humilité: «Vivez, ô religieux, dit le Bouddha, en cachant vos bonnes œuvres et en montrant vos péchés 61.» Ainsi l'Évangile: «Lorsque vous jeûnez, ne soyez pas tristes comme les hypocrites; parfumez votre tête et votre face.» Le bouddhisme enseigne la chasteté, la charité, la piété, le pardon des offenses, comme le prouve un grand nombre de légendes, entre lesquelles nous en choisirons quelques-unes dont la beauté poétique égale la beauté morale.

 

Révélation et législation morale de Mahomet

Des traits miraculeux de la vie de Mahomet, selon les musulmans, le plus important, car il tient au fond même de leur croyance, c'est la descente du ciel des feuilles du Coran, apportées par l'ange.

Il suffit de rappeler ici les préceptes diététiques ou moraux qui prirent place dans le Coran: Renoncer au vin et aux jeux de hasard, — l'ivrognerie et le jeu étaient les vices dominants des Arabes et les causes les plus ordinaires de leurs querelles, — prier et faire l'aumône, jeûner aux temps marqués et pendant la lune du Ramadan, s'abstenir de certaines viandes 14. La circoncision était déjà la coutume ancienne de la nation.

Les préceptes de justice du Coran relèvent de la loi du talion, mais on ne peut pas dire que la loi d'amour soit étrangère à Mahomet; car en autorisant le mai rendu pour le mal, il recommande le pardon, cette «sagesse de la vie» et promet une récompense divine à celui qui pardonne et se réconcilie

Québec : l’éthique chrétienne revisitée

Le Québec est un État laïc, mais existe-t-il pour autant une morale laïque digne de ce nom dans ce Québec? À en juger par les commissions d’enquête, c’est le droit qui nous tient lieu de morale en ce moment. Ce qui n’a rien de rassurant, car un droit sans morale est une incitation à la tricherie… ou à la création d’un État policier. Après avoir tourné dos à la tradition, comme le Québec d’aujourd’hui, Descartes, en attendant de pouvoir achever sa propre morale, eut la sagesse de se donner ce qu'il a appelé une morale par provision et il a choisi à cette fin la morale chrétienne. Guy Durand, nous dit Jacques Grand ’Maison,  nous offre encore mieux : Une éthique à la jonction de l'humanisme et de la religion.

 Guy Durand a publié récemment un livre sur la morale chrétienne. Sa lecture s'impose à tous ceux et celles qui veulent connaître la morale chrétienne au-delà des clichés à la mode et/ou des souvenirs douloureux d'un morale obscurantiste imposée par un clergé contrôlant. Le titre en dit exactement l'orientation fondamentale: Une éthique à la jonction de l'humanisme et de la religio  «Je suis convaincu, affirme l'auteur, qu'il existe une authentique morale humaine, qui peut profiter de l'apport des religions, comme je suis également persuadé qu'il n'y a pas de morale chrétienne authentique sans recours à la raison, je veux dire, sans recours à la réflexion et à l'argumentation d'ordre philosophique»

 

Synthèses

L'Encyclopédie de l’Agora n’est pas une somme des connaissances établie par une myriade de spécialistes sans grandes affinités entre eux. Elle est une œuvre, celle d’un auteur principal entouré d’amis ayant des affinités intellectuelles avec lui et ébauchant séparément leur propre synthèse. [En savoir davantage]


Appartenance

Plus nous avançons sur le chemin de la paix intérieure et de l'intégrité, plus le sens de l'appartenance croît et s'approfondit. Ce n'est pas seulement l'appartenance [...] à une communauté qui est en cause, mais aussi l'appartenance à l'univers, à la terre, à l'eau, à tout ce qui vit, à toute l'humanité. 

Univers

À l’heure où les astrophysiciens décrivent la farandole des galaxies et la valse des étoiles, la conception dominante de l’univers se réduit au mot Big Bang, évoquant une explosion, comme celle d'Hiroshima. La tradition, et une certaine science depuis peu, nous invitent à lui préférer, métaphore pour métaphore, celle de l'éclosion, associée à celle de l'oeuf cosmique. S'il est incontestable qu'il y eut violence à l'origine, faut-il en conclure que cette violence doit être absurde comme dans une explosion, faut-il exclure qu'il puisse s'agir d'une violence ayant un sens, comme celle de l'éclosion?

Vie

«Seule la vie peut donner la vie. L’intelligence peut façonner, mais étant morte, elle ne peut donner une âme. De la vie seulement peut jaillir le vivant.» Goethe, Zahme Xenien

Mort

«Est dit éternel ce qui par soi ne peut changer ni vieillir ni périr. Une sublime amitié est éternelle en ce sens qu'elle ne peut être atteinte qu'obliquement et par des événements qui lui sont tout à fait étrangers. L'amour prétend être éternel. Les pensées les plus assurées, comme d'arithmétique et de géométrie, sont éternelles aussi. La durée, au contraire, est essentielle à tout ce qui change et vieillit par soi. L'idée de rassembler tout l'éternel en Dieu est raisonnable, quoique sans preuve à la rigueur, comme au reste tout éternel, amitié, amour, arithmétique.» (Alain, Les dieux et les arts)

Dieu

«On va à Dieu par des commencements sans fin», écrit un Père de L’Église. Cette page est notre premier commencement… Une parfaite définition de Dieu par le plus grand des théologiens serait moins à sa place ici que nos balbutiements. Étant les auteurs d’une oeuvre qui comporte déjà mille allusions à Dieu, c’est à nous, cohérence oblige, qu’il appartient d’évoquer le foyer vers lequel convergent ces allusions.

Homme

L’humanisme est une vision du monde où tout gravite autour de l’homme comme tout gravitait autour de Dieu dans la vision antérieure en Occident. Ainsi défini, l’humanisme est le produit d’une révolution copernicienne inversée: l’homme, auparavant satellite de Dieu, devient l’astre central.

Plantes et animaux

La plante est immobile et choyée. Sa nourriture lui est donnée. Il lui suffit pour l’accueillir de laisser croître ses racines dans la terre et dans le ciel. L’animal doit chercher sa nourriture, et pour cela, il est libre dans ses déplacements. Sans doute est-ce la raison pour laquelle on l’a associé étroitement à l’homme, mais ainsi amputé de sa dimension plante, ce dernier n’allait-il pas s’éloigner de ce qui deviendrait un jour un idéal pour les jeunes et pour les vieux une nécessité i : contempler et à cette fin rester immobile.

Amour

Tout dans l’univers, et l’univers lui-même, tend vers le froid uniforme, et un désordre qui n’est rien d’autre que la rupture des liens unissant  les éléments constitutifs du vaste ensemble. Dans ce monde qui se défait, les êtres vivants sont des points d’ordre qui contredisent la loi générale. En eux l’énergie, qui se dégrade tout autour, se concentre pour former tantôt une plante qui grimpe, tantôt un animal qui vole, tantôt un animal qui pense... qui aime, qui aime ô merveille! au-delà de ce que l’espèce exige de lui pour assurer sa propre reproduction.

Vérité

Qu’est-ce que la vérité ? Pourquoi nous donnons-nous tant de mal pour la trouver, la défendre et la répandre ? Tentons d’abord de répondre par le recours le plus simple et le plus spontané à la raison. La vérité c’est la vie, ce qui assure sa persistance et sa croissance : distinguer la plante toxique de la plante nourricière, la vraie beauté, celle qui élève par opposition à celle qui dégrade. La preuve est dans le résultat, dans le degré d’accomplissement des êtres en cause. 



Liberté

En bas de cette échelle, l’élan impétueux de l’animal sauvage bondissant hors de sa cage-piège; en haut un sage ébloui par ses principes, un mystique ravi par son Dieu. Impulsion dans le premier cas, contemplation dans le second. Point de choix en ces extrêmes. «Les instincts des animaux survivent dans l’homme à l’état d’ébauche.» (K.Lorenz). À leur place, un grand vide angoissant. Ce vide est le lieu de naissance de la liberté.

Bien

Le mal dont le bien doit triompher en nous pour nous rendre meilleur n’est pas une simple carie dentaire qu’on peut obturer en quelques secondes, mais une infection centrale résistant aux antibiotiques. La vie de celui qui désire vraiment en guérir ressemblera à un chenin de croix ou à la marche d’un Bouddha à recherche de la voie du milieu.

Beauté

« C'est à coups de tonnerre et de feux d'artifice célestes qu'il faut parler aux sens flasques et endormis. Mais la voix de la beauté parle bas: elle ne s'insinue que dans les âmes les plus éveillées. Doucement mon bouclier a vibré et a ri aujourd'hui : c'était le frisson et le rire sacré de la beauté! » Nietzsche

Société

«Si les citoyens pratiquaient entre eux l'amitié, ils n'auraient nullement besoin de la justice; mais, même en les supposant justes, ils auraient encore besoin de l'amitié.» ARISTOTE, Éthique à Nicomaque

Désengagement

Proche du scepticisme sur le plan intellectuel, la neutralité est aussi proche de l'indifférence sur le plan affectif et de l'indifférentiation sur le plan physiologique. 

Politique

D’abord la justice et bien commun! Il sera souvent question de la démocratie dans cette synthèse. Trop peut-être, car en ce moment, dans les démocraties occidentales du moins, dont certaines sont en voie de désintégration, on a recours au concept de démocratie lui-même comme critère pour juger de la situation concrète dans les démocraties en cause. Funeste tautologie contre laquelle Aristote nous avait mis en garde.

Justice - droit et droits

C'est dans l'indignation devant l'injustice qu'il faut d'abord chercher la voie de la justice. Il faut toutefois au préalable pouvoir distinguer le sentiment authentique et universel d'injustice de l'insatisfaction personnelle qui est à l'origine des revendications.

Technique

Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?

Nourriture et culture

Sapere : goûter et savoir. Associer ces deux expériences pour mieux comprendre l’une et l’autre et s’habituer ainsi à distinguer la vraie culture, nourricière, de la fausse, réduite au divertissement. Deux sujets vastes.

Éducation

La perspective historique la plus longue possible est la voie royale pour préciser le diagnostic et trouver les meilleurs remèdes au mal qui frappe l’éducation.



Caractère et personne

La caractérologie, une science en plein essor au début du XXème siècle, semble être aujourd’hui en voie d’extinction. Ne serait-ce pas parce que le caractère des personnes a disparu ? Certains maîtres en cette discipline, dont Ludwig Klages, en avaient prédit l’extinction pour cette raison.

Ordinateur

Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]

Sport

Plus un sport est naturel, plus il y a de chances qu'on puisse le pratiquer longtemps, parce qu'on en aura toujours le goût et les moyens. Quel que soit le sport choisi, il ne restera durable que si on le pratique avec mesure, dans le respect de l'ensemble de l'organisme et de chacun des organes et des muscles sollicités, avec en outre le souci de rendre toujours plus harmonieux les rapports de l'âme et du corps.

Art

«C'est par le truchement de l'expression artistique que les valeurs les plus hautes acquièrent une signification éternelle et une force capables d'émouvoir l'humanité. L'art possède la faculté illimitée de transformer l'âme humaine — faculté que les Grecs appelaient psychagogia. Seul, en effet, il dispose des deux éléments essentiels à l'influence éducative: une signification universelle et un appel immédiat. Parce qu'il combine ces deux moyens susceptibles de faire autorité sur l'esprit, il surpasse à la fois la réflexion philosophique et la vie réelle.» Werner Jaeger, Paideia: la formation de l'homme grec

Science

Faire acte de science c’est échapper à la contrainte sous toute ses formes : préjugés personnels, conformisme, tradition, pression sociale, financière, opinion majoritaire, y compris celle des pairs. Serait-ce la raison pour laquelle la science a fleuri dans la Grèce antique puis dans l’Europe moderne. Et n’est-ce pas en raison de  l’oubli de cette règle qu’elle tombée en disgrâce dans la Russie stalinienne et les États-Unis de Donald Trump ?

Philosophie

L'attente active, celle qui consiste à soumettre à la critique les réponses imparfaites, Socrate l'appelait philosophie, mot qui signifie amour (philein ) de la sagesse (sophia). Cet amour s’accomplit à deux conditions : la rigueur dans la pensée et le souci de la purification dans la vie personnelle. 

Technique

Quelques regards critiques dans un contexte, celui du progrès technique, où l’approbation inconditionnelle et universelle va de soi, en dépit de cette mise en garde maintes fois formulée : « ce qui est possible devient nécessaire.» Qui donc en ce moment veut et peut s’opposer aux innovations, souvent discutables pourtant, dans le domaine des techniques de reproduction humaine?

Ordinateur

Le mot ordinateur a des origines théologiques. Celui qui a proposé de traduire computer par ordinateur, Yves Perret, a justifié son choix en précisant que le mot ordinateur se trouve dans le dictionnaire Littré comme adjectif désignant Dieu en tant qu'Il est celui qui met de l'ordre dans le monde. L'ordinateur ressemble pourtant moins à Dieu qu'à l'homme [...]

Christianisme

Selon Marguerite Yourcenar, Marc Aurèle,le sage Marc-Aurèle, le divin Marc, est le Romain de l’antiquité dont il subsiste le plus de sculptures. Preuve qu’il a été le plus  admiré, aimé. S’il est vrai que la qualité d’un amour se mesure à la beauté, à la variété et au nombre des œuvres d’art qu’il a inspirées, le christianisme est une prodigieuse histoire d’amour.

Notre catholicisme

Ce catholicisme qui nous a faits ! Plusieurs sont d’avis qu'il nous a défaits à la fois politiquement et psychologiquement. Depuis 1960, ils ont eu toutes les tribunes dont ils pouvaient rêver pour exposer leurs regrets et leurs doléances. Dans cette synthèse, nous voulons donner la parole à ceux qui, sans avoir renoncé à leur esprit critique, veulent bien reconnaître que le catholicisme nous a aussi faits… un peu, a contribué à notre épanouissement et à notre accomplissement, en tant que peuple comme en tant qu’individus. Même si elle ne devait être qu’un dernier adieu reconnaissant, cette synthèse est nécessaire [...]

Québec

Le Québec est un microcosme. Se trouve-t-il un seul groupe humain sur la planète auquel il ne ressemble pas par quelque côté?
On y parle les deux langues qui ont le plus contribué à faire le monde tel qu'il est aujourd'hui: le français et l'anglais. La société de ce Québec était traditionnelle, médiévale même, il y a à peine cinquante ans; elle devance aujourd'hui la Californie dans certaines expérimentations.