La mise à mort de l'émission The Late Show with Stephen Colbert est annonciateur d’un nouvel ordre dans le monde des médias, écrit Martine St-Victor, stratège en communication. Des 100 émissions télévisées les plus regardées en 2024 aux États-Unis, 74 étaient des matchs de la ligue nationale de football. [...] Le Sports Business Journal rapportait que lors de la dernière élection présidentielle, « sur les 24 propriétaires [de la NFL] ayant fait des dons partisans, 16 ont donné principalement ou exclusivement à des candidats républicains. Au total, environ 83 % des dons versés par les propriétaires de la NFL ont été destinés à des candidats conservateurs et à des causes conservatrices » Les émissions d'informations sont-elles en passe d'être remplacées par les combats d'art martiaux mixtes ?
Un texte de Martine St-Victor, dans La Presse
Au lendemain de l'assassinat du jeune conservateur Charles Kirk, La Croix décrit le réseau d'influences au sein duquel évoluait le jeune évangéliste.
« Charlie Kirk était le produit d’une droite religieuse américaine frustrée par des décennies de défaites politiques et qui veut, avec Donald Trump, dicter son agenda et transformer les institutions à leur image. C’est un camp politique qui ne fait plus de concession. Lui participait à cela en structurant des réseaux au sein des universités, le lieu censé être le plus hostile à ce courant de pensée » (Gabriel Solans)
En 1976, Morris et René Goscinny ravivent sa notoriété sous le nom de Dean Smith, personnage principal du 45e album de Lucky Luke, L’Empereur Smith. Prémonitoire, la bande dessinée du dessinateur belge et du scénariste français annonce, cinquante ans avant Trump, l’atmosphère populiste qui imprègne aujourd’hui les Etats-Unis.»
Un texte publié dans l'Express.
Pendant que toute l'attention est tournée vers la situation au Moyen-Orient, le comité américain sur l'énergie et les ressources naturelles vient discrètement de rendre public un « projet de loi qui prévoit que le ministère de l'intérieur et le ministère de l'agriculture pourront vendre au moins deux millions d'acres de terres des service forestier et de gestion du territoire dans les 30 jours suivant son adoption. Par la suite, tous les 60 jours, de nouvelles terres doivent être identifiées et vendues jusqu'à ce que des objectifs arbitraires soient atteints. Cela se fera sans appel d'offres, sans transparence et sans consultation du public. Il ne s'agit pas de législation. Il s'agit d'une liquidation.
Les partisans du projet de loi colportent déjà le mythe selon lequel il s'agit de rendre plus de terres disponibles pour le développement résidentiel et résoudre la crise de l'habitation. « Mais le texte de la loi ne contient aucune garantie significative que les terrains seront utilisés pour la construction de logements. Des études confirment que la plupart de ces terrains ne sont même pas adaptés au développement résidentiel. De quoi s'agit-il en réalité ? Il s'agit simplement une question d'argent. »
Un texte de Janessa Goldbeck, directrice de Vet Voice Foundation. On peut voir une carte des terres mises en vente sur le site de la Wilderness Society.
« Une des grandes forces de l’entreprise trumpienne est d’avoir su faire cohabiter des hommes et des idées souvent fort différents, pour ne pas dire opposés. Reste que l’art de gouverner ne peut éternellement se jouer des lois de la physique politique et que la réalité finit toujours par s’imposer.
Il suffit en effet de prendre quelques exemples concrets pour comprendre que la vision libertarienne du monde et la vision populiste ne peuvent durablement coexister. Ainsi, la politique protectionniste néomercantiliste (et électoraliste) de Donald Trump est parfaitement incompatible avec le logiciel libertarien, pour lequel l’interventionnisme de l’État est à combattre sous toutes ses formes, et d’abord lorsqu’il remet en cause la liberté des échanges. »
Un texte de Jérôme Perrier dans La Croix. On lira également du même auteur, Le détournement populiste du courant libertarien, sur le site de Fondapol, un « Think Tank libéral, progressiste et européen ».
«L'historien Timothy Snyder, écrivant à l'occasion du trentième anniversaire de l'attentat à la bombe d'Oklahoma City, a averti que l'administration actuelle crée délibérément des conditions propices aux attaques terroristes, qui peuvent ensuite être exploitées pour justifier des mesures autoritaires. Le schéma est tristement familier à travers l'histoire : affaiblir les institutions conçues pour protéger les citoyens, permettre ou encourager les attaques, puis utiliser le chaos qui en résulte pour éliminer les libertés démocratiques au nom de la sécurité. »
La déploiement des troupes de la DHS - dirigée par Thomas Fulgate, un jeune de 22 ans dont la seule qualification est d'être un ardent partisan du président - à Los Angeles est le parfait exemple de cette stratégie.
Un cri d'alarme de Mike Brock.
« Musk illustre parfaitement le problème avec nos oligarques. Les États-Unis ont produit un groupe impressionnant d'entrepreneurs technologiques qui ont créé des entreprises de renommée mondiale. Mais un certain nombre d'entre eux ne savent pas comment rester dans leur voie. Ils pensent que parce qu'ils sont devenus riches et qu'ils ont réussi dans un secteur d'activité, ils seront bons dans n'importe quel domaine, et ils s'égarent dans des domaines où ils ne sont pas du tout à l'aise.
Le New York Times a récemment cherché à recréer le monde en ligne dans lequel Musk vit en suivant le millier de comptes X qu'il suit. Ce n'est pas le même monde que celui dans lequel je vis, et je suppose que c'est le cas de la plupart des personnes qui lisent ce billet. C'est un monde de théories du complot, de sombres pressentiments et d'attaques virulentes contre les "maniaques marxistes" qui occupent l'autre côté de l'échiquier politique.
Dans ce monde alternatif, le gouvernement américain est un État profond (Deep State) dirigé par des maniaques marxistes qui échappent totalement au contrôle des dirigeants démocratiquement élus. »
Un texte de Francis Fukuyama sur le site Persuasion.
«Aux Etats-Unis, la collusion entre les géants de la tech et l’administration Trump vise à “utiliser l’IA pour imposer des politiques d’austérité et créer une instabilité permanente par des décisions qui privent le public des ressources nécessaires à une participation significative à la démocratie”, explique l’avocat Kevin De Liban à Tech Policy. Aux Etats-Unis, la participation démocratique suppose des ressources. “Voter, contacter des élus, assister à des réunions, s’associer, imaginer un monde meilleur, faire des dons à des candidats ou à des causes, dialoguer avec des journalistes, convaincre, manifester, recourir aux tribunaux, etc., demande du temps, de l’énergie et de l’argent. Il n’est donc pas surprenant que les personnes aisées soient bien plus enclines à participer que celles qui ont des moyens limités. Dans un pays où près de 30 % de la population vit en situation de pauvreté ou au bord de la pauvreté et où 60 % ne peuvent s’offrir un minimum de qualité de vie, la démocratie est désavantagée dès le départ”. L’IA est largement utilisée désormais pour accentuer ce fossé. »
Une recension de Hubert Guillaud - Dans les algorithmes
Noah Smith, un commentateur économique néolibéral influent, proche de Paul Krugman, estime que le discours protectionniste qui sous-tend la politique américaine actuelle ne tient pas la route. Aux dires des conservateurs, la classe moyenne a été victime de la mondialisation et son niveau de vie et son pouvoir d'achat dramatiquement amputés suite aux accord de libre-échange internationaux qui ont ouvert la porte aux biens produits en Asie, notamment. Il semble aller de soi qu'en refermant les portes des États-Unis, la classe moyenne retrouvera de meilleurs emplois et la crise opioïde sera reléguée aux mauvais souvenirs du passé.
À l'aide d'une série de graphiques bien choisis, Noah Smith nous rappelle cependant que, comparée à 36% pour l'Allemagne, 32% pour la France, à 14% aux USA, la part des importations sur le PIB est une des plus faibles parmi les nations riches. Blâmer tous les malheurs sur la Chine ne règlera rien non plus : elle ne compte que pour 3.2% des bien manufacturés consommés en sol américain (le Canada est le 2e producteur à 1.2%). Si on compare le revenu médian, la classe moyenne américaine demeure la plus prospère sur la planète.
«Il a fallu quelques décennies, mais nous constatons aujourd'hui que Bill Clinton avait raison : l'Américain moyen est suffisamment intelligent et compétent pour effectuer un travail lié à l'écononie du savoir. Et cela se reflète dans les salaires et les revenus. Cela ne veut pas dire que l'industrie manufacturière n'est pas importante. Mais le récit principal du protectionnisme est tout simplement beaucoup plus un mythe qu'une réalité. Certes, la concurrence des importations chinoises a quelque peu nui à l'Amérique dans les années 2000. Mais dans l'ensemble, la mondialisation et les déficits commerciaux ne sont pas la principale raison pour laquelle le rôle de l'industrie manufacturière dans l'économie américaine s'est réduit. La mondialisation n'a pas non plus vidé la classe moyenne de sa substance - parce qu'en fait, la classe moyenne n'a pas été vidée de sa substance.
Une fois que nous aurons admis que ce discours protectionniste commun est profondément erroné, nous pourrons commencer à réfléchir plus clairement à la politique commerciale, à la politique industrielle et à bien d'autres choses encore.»
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