Du petit et de la compassion

Denis Diderot
De l'exemple familier des fourmis, le philosophe français Denis Diderot (1713-1784) tire une profonde réflexion sur les conséquences d'une pensée qui s'éloigne du réel. Ce texte écrit en 1749 aide à ocmprendre les tueries militaires du XXe siècle.
De l'exemple familier des fourmis, le philosophe français Denis Diderot (1713-1784) tire une profonde réflexion sur les conséquences d'une pensée qui s'éloigne du réel. Ce texte écrit en 1749 aide à ocmprendre les tueries militaires du XXe siècle.

    "Nous-mêmes, ne cessons-nous pas de compatir lorsque la distance ou la petitesse des objets produit le même effet sur nous que la privation de la vue sur les aveugles?

    Tant nos vertus dépendent de notre manière de sentir et du degré auquel les choses extérieures nous affectent! Aussi je ne doute point que, sans la crainte du châtiment, bien des gens n'eussent moins de peine à tuer un homme à une distance où ils ne le verraient gros que comme une hirondelle, qu'à égorger un boeuf de leurs mains. Si nous avons de la compassion pour un cheval qui souffre, et si nous écrasons une fourmi sans aucun scrupule, n'est-ce pas le même principe qui nous détermine?" (96)



    Note:

    (96) DIDEROT, Denis, Lettre sur les Aveugles, Paris, Flammarion, 1972, p. 87.

Autres articles associés à ce dossier

À lire également du même auteur

Sur le génie
Il y a dans les hommes de génie, poètes, philosophes, peintres, orateurs, musiciens, je ne sais quelle qualité d’âme particulière, secrète, indéfinissable, sans laquelle on n’exécute rien de très grand et de beau. Est-ce l’imagination? Non. J’ai vu

Réflexions sur Térence
Texte apparaissant en tête du fragment de Diderot:Ce qui va suivre complète ce que nous avons dit en tête de l’Éloge de Richardson :« Diderot est un critique supérieur, bien qu’il manque souvent d’une exacte justesse. Mais il sent ce qu’il juge; il analyse avec

Mélancolie
C’est le sentiment habituel de notre imperfection. Elle est opposée à la gaieté qui naît du contentement de nous-mêmes : elle est le plus souvent l’effet de la faiblesse de l’âme et des organes : elle l’est aussi des idées d’une certaine perfection,

Le bibliomane
Bibliomane, s.m. C’est un homme possédé de la fureur des livres. Ce caractère original n’a pas échappé à La Bruyère. Voici de quelle manière il le peint dans le chapitre XIII de son livre des Caractères, où il passe en revue bien d’autres originaux. Il

Jacques le fataliste et son maître
SOMMAIRE1: "Comment s'étaient-ils rencontrés? (...) Allons, Jacques, console-toi; n'es-tu pas trop heureux d'avoir rattrapé ta bourse et la montre de ton maître, et qu'il t'en ait si peu coûté?"2: "Jacques remonte sur son cheval et fend la presse qui s'était faite à l'entrÃÂ

Des moyens de voyager utilement
«L’âge du voyageur est celui où le jugement est formé et la tête meublée des connaissances requises. Sans ces deux conditions, ou l’on ne rapportera rien de ses voyages, ou l’on aura fait bien du chemin et dépensé beaucoup d’argent pour ne rapporter qu

Article «Admiration» de l'Encyclopédie
Admiration, s. f. (Morale). C’est le sentiment qu’excite en nous la présence d’un objet, quel qu’il soit, intellectuel ou physique, auquel nous attachons quelque perfection. Si l’objet est vraiment beau, l’admiration dure; si la beauté n’était qu




L'Agora - Textes récents