La création

Paul Valéry
Les modernes ont reproché à la chrétienté d'avoir sacrifié le monde à Dieu, tort qu'ils ont voulu redresser en sacrifiant Dieu au monde. On passa ainsi de Dieu sans le monde, au monde sans Dieu. Paul Valéry appelle de ses voeux un Dieu fait monde:
Tout puissants étrangers, inévitables astres
Qui daignez faire luire au lointain temporel
Je ne sais quoi de pur et de surnaturel...

La Jeune Parque

* * *

Soleil, soleil!...Faute éclatante!
Toi qui masques la mort, Soleil [...]
Tu gardes les coeurs de connaître
Que l'univers n'est qu'un défaut
Dans la pureté du Non-être [...]

Comme las de son propre spectacle
Dieu lui-même a rompu l'obstacle
De sa parfaite éternité;
Il se fit celui qui dissipe
En conséquences, son Principe,
En étoiles, son Unité.

Ébauche d'un serpent

* * *

Et voici l'homme devant ce mystère :

Que seriez-vous si vous n'étiez mystère[...]
Si les dieux n'eussent mis, comme un puissant ressort,
Au plus intime de vos têtes,
Le grand don de ne rien comprendre à votre sort[...]

Allez, que tout fût clair, tout vous semblerait vain!
Votre ennui peuplerait un univers sans ombre
D'une impassible vie aux âmes sans levain.

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